Varian FRY
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Max Morisse, Paul Eluard, Simone Breton, Joseph Delteil, Gala Eluard, Robert Desnos, André Breton et en bas Max Ernst, dans l'insouciance des années d'avant-guerre. (grande photo murale dans le cadre de l'exposition Max Ernst à l'Hôtel Caumont, Aix-en-Provence, été 2023) |
Qui était Varian
Fry?
Journaliste américain (New-York 1907, 1967)
Varian
Fry est l'un des héros les plus méconnus de la seconde guerre mondiale. Le 14 août
1940, il arrive à Marseille avec 3000 dollars, une petite valise et une liste
de deux cent écrivains et artistes en danger, envoyé par l'American Rescue Committee ,
association privée créée pour aider à l'émigration d'intellectuels et
d'artistes persécutés par le nazisme.
Il
ouvre son bureau, 60 rue Grignan. Fry et son équipe (dont Mary Jayne Gold et
Daniel Benedit) ne peuvent compter que sur
des aides officieuses et des fonctionnaires qui tamponnent des visas sans se
poser trop de questions.
Malgré
la surveillance du régime de Vichy il cache de nombreuses personnes à la Villa
Air Bel (détruite, hélas en 1982 pour construire un foyer, le magnifique
terrain avait déjà fait place à des logements sociaux livrés en 1972) et les aide
à s'enfuir. La Villa accueillit Hanna Arendt, Hans Bellmer, Victor Brauner,
André Breton, Marc Chagall, Marcel Duchamp, Marc Ernst, André Masson, Wifredo
Lam qui lui donnèrent le nom de Villa "EsperVisa". Cette politique déplut au gouvernement américain, alors neutre face
au conflit européen et Varian Fry se fit confisquer
son passeport. Il dut quitter le territoire français le 16 septembre 1941.
Il
ne put rien ensuite pour les centaines d'anonymes raflés à Marseille, déportés
à Drancy et exterminés à Auschwitz.
Il
attendra 26 ans pour que le gouvernement français lui rende hommage en 1967.
Depuis cet exil des artistes, l'art s'est déplacé de l'autre côté du continent où s'est développé l'expressionnisme américain et le pop'art.
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Décoration murale au métro Noailles à Marseille
présentant l’ancienne ligne de tramway "Noailles-La Pomme" |
Mary Jayne Gold «Le lieu idéal se situait sur le trajet du tram Marseille-Aubagne...J'aperçus, à l'approche d'une station, une enseigne portant l'inscription La Pomme...Etait-ce mon goût pour ces fruits qui me fit sentir que c'était là qu'il fallait descendre ? ...Sur le faîte d'un remblai, la ligne de chemin de fer Toulon-Marseille courait parallèlement aux voies du tramway ; nous marchâmes dans cette direction...Quelques minutes plus tard, nous arrivions devant un passage souterrain qui traversait le remblai... D'un commun et tacite accord, nous nous engageâmes sous l'arche...L'allée ombragée montait en pente douce jusqu'à un portail, à travers lequel nous aperçûmes une terrasse plantée de trois énormes platanes...Face à nous, visible entre les feuilles des arbres, une grande bâtisse aux flancs tapissés de lierre dressait ses trois étages...» Extrait de son livre "Marseille année 40", ed. Phébus |
Tunnel d’accès au
quartier Air-Bel sous voie ferrée "Marseille-Nice" |
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Dina Vierny Maillol quitte la région parisienne suite à l'invasion allemande. Dina le rejoint à Banyuls. C'est un petit village, le plus proche de la frontière espagnole. Entre septembre et octobre 1940, elle fera passer à travers la montagne les réfugiés envoyés par Varian Fry. La consigne est simple "...au dernier train, en gare de Banyuls, vous suivrez une jeune femme en robe rouge, il n'y aura aucun échange verbal car les sentiers de montagne sont sonores". Même en zone libre, les pandores de Vichy finissent par arrêter Dina. Maillol lui trouve un avocat qui plaide sur le fait que Dina ne fait qu'aller chercher de l'huile d'olive en contrebande. Au bénéfice du doute, Dina est libérée mais Fry, par précaution, devra trouver d'autres passeurs.
Portrait de Dina - Maillol (1940)
18 mois auparavant, 470 000 républicains espagnols, fuyaient les franquistes et passaient la frontière dans l'autre sens, pour rejoindre le département français des Pyrénées-Orientales. C'était la Retirada. Les autorités françaises n'anticiperont pas le déroulement de l'Histoire. |