Fernand POUILLON

 

Immeubles néo-classiques du Vieux-Port

panneau d'information à l'angle de la rue Caisserie et l'avenue Saint Jean, 2e arrt

 

Bas relief , à l'angle de la rue Caisserie et de la place Bargemon, relatant l'évacuation du quartier

du Vieux-Port en 1944

 Qui était Fernand Pouillon ?

 Architecte, urbaniste (Cancon 1912 - Belcastel 1986)

 

Fernand Pouillon est un homme du Sud. Il passe son enfance à Marseille et aime contempler le Vieux-Port du haut du pont transbordeur. Il fréquente l'Ecole des Beaux-Arts, puis étudie ensuite l'architecture à Paris. Son matériau de prédilection pour les logements nouveaux, c’est la pierre. Il en construira 50 000 en France, en Algérie et en Iran et ceux-ci seront baptisés « Pouillon ».

Son travail le plus visible est celui des immeubles qui bordent la rive Nord du Vieux-Port avec de belles et séduisantes arcades dans une pierre blonde du Gard. Ce quartier fut détruit par l'armée allemande en 1944. Un plan d’urbanisme existait depuis quelques années sur le secteur du Quai du Port dont le périmètre correspond exactement aux destructions faites par l’armée allemande. Une société immobilière avait été créée et la rafle du Vieux-Port sous-tendait une juteuse affaire commerciale sans indemnisation des expropriations.

Vivaient dans ce quartier des petites gens, français, italiens, maltais, juifs : pêcheurs, poissonniers, dockers, épiciers, pensionnaires des maisons closes.

Il fallait préparer l’opinion publique par la rumeur, par les journaux collaborationnistes, à la rafle programmée. Il fallait "nettoyer ces quartiers de la racaille", "régénérer" Marseille. Des armes, disait-on, pullulaient dans les caves reliées par un souterrain. Le préfet jugé trop permissif fut remplacé par un préfet plus pétainiste.

Du 22 juin 1943 au 28 juin 1943, la police française effectua 40000 contrôles d’identité. Les truands marseillais profitaient, sans état d’âme de la collaboration pour s’enrichir en fournissant des informations à la Gestapo ou en infiltrant les réseaux de la Résistance.

Le 24 janvier 1944, 25000 habitants furent expulsés de leur maison par la police française et furent rassemblés devant la mairie. 1642 marseillais seront livrés à la Gestapo.

Toute l’opération fut effectuée par les autorités françaises, seule l’armée allemande se chargea du dynamitage. 150 maisons seront détruites sur une surface de 14 hectares.

Le 18 mars 1944, trois sociétés seront chargées du déblaiement des ruines qui sera interrompu en avril car les événements militaires deviennent défavorables aux troupes allemandes.

 

On lui doit également la bâtisse de l'ancienne station sanitaire, aujourd'hui Musée Regards de Provence. La station permettait le contrôle d’arrivée de la main d’oeuvre coloniale dans les

années d’après guerre. Elle aussi fut surnommée « consigne Pouillon ».

 

Sa carrière fut brisée par un scandale financier qui envoie Fernand Pouillon et quatre de ses collaborateurs  en prison. Hospitalisé, il s'évade de sa clinique en septembre 1962, mais revient pour son procès où il comparait en civière. Il est condamné en 1963, pour évasion, à quatre années de prison mais est acquitté des faits qui lui sont reprochés. Il est libéré l'année suivante. Il continue sa carrière en Algérie. A partir de 1971, il retrouve son honneur auprès de ses pairs et la reconnaissance de la République pour toute son œuvre.

 

 

Immeuble, rue Louis Maurel, quartier Castellane, 6e arrt