Arthur RIMBAUD

 

L'oeuvre est construite en cérastone (sable de basalte et ciment), matériau inventé par Jean Amado.

Verlaine et Rimbaud, un couple à la réputation sulfureuse. Image extraite du tableau "Coin de table", peint en 1872 par Henri Fantin-Latour.

On y lit le regard vague de Rimbaud, déjà ailleurs, et le désespoir de Verlaine (propos du journal télévisé de France 2, décembre 2016)

 

 

Qui était Arthur RIMBAUD ?

Poète (Charleville 1854-Marseille 1891)

 

Il a écrit son œuvre en quatre ans : à vingt ans, il avait tout dit. Il affirmait : « Il faut être absolument moderne » Qui oserait écrire : « la morale est la faiblesse de la cervelle? ». Rimbaud était à la fois un génie et une canaille. Ce " sale gosse ", icône de la rébellion adolescente, fit 3 fugues à Paris. La dernière, le 10 mars 1871, il revient à pied de Paris à Charleville. La commune de Paris est proclamée. Il prend parti pour les insurgés et écrit des poèmes communards « Maintenant ». Il écrit le 13 mai à son professeur de rhétorique, Georges Izambard, « je m’encrapule au possible. Pourquoi? Je veux être poète ». Paris l’attend... Et il arrive, avec pour seul bagage, « Le bateau ivre » en poche. Ce poète ambitieux, au sommet de la langue française, a cassé les codes de la littérature.

Dès 1869, il avait déjà tout lu. Rimbaud avait le talent des mots alors que, dans la vie courante, il n'était pas d'une délicatesse extrême.

 

De l'Hospice de la Conception de l'époque ne reste plus que le mur d'enceinte et l'entrée principale de l'époque, rue Saint-Pierre.

Le goût de l’absinthe et du vagabondage, sa relation tumultueuse avec Verlaine brûleront le poète. La scène de rupture, en 1873, tournera à la folie : Rimbaud est blessé à la main par un tir de revolver de Verlaine. Il tournera définitivement le dos à l'écriture.

Il a maintenant une quête d'ailleurs car il y a d'autres mondes et ne garder que le sien c'est perdre les autres, ou bien une quête de défi qui sublime la vie, ou bien est-ce tout simplement une fuite pour effacer la grisaille de sa vie. Terminé l'écriture ! Départ pour l'aventure ! Place à un autre Rimbaud, Rimbaud l'Africain !

 

En 1880, sur les pas d'Andromède, il s’installe en Ethiopie, à Harar, et met en œuvre ce qu’il annonçait : « L’air marin brûlera mes poumons, les climats me tanneront » A ceux qui l’interrogent sur la poésie, il répond : « Je ne m’intéresse plus à çà »  On le sait, il fut trafiquant d’armes pour le roi Ménélik. Il fit commerce d’or, de musc, de café, risqua ses jours, se saoula de fatigues infâmes.

Sa dernière année, en 1891, une douleur atroce à la jambe le foudroya. Il dira : « Ma vie passée, je ne suis plus qu’un tronçon immobile ».

Un paquebot des Messageries Maritimes le ramène à Marseille où il est hospitalisé. A l'Hospice de la Conception, il y est enregistré comme "négociant". A cette époque, il est inconnu du grand public, seuls quelques intellectuels connaissent ses recueils de poèmes. Son seul livre édité de son vivant est "Saison en enfer", à compte d'auteur.

Sa jambe est amputée. « Je suis un béquillard grotesque ». Il part à Mézières par le train mais doit bientôt revenir à Marseille car la tumeur s'est répandue en haut du corps.

Il faut s'imaginer ce voyage en train à l'époque dans des conditions difficiles de souffrance, de promiscuité, de confort incertain et de durée.

 

Le 11 novembre 1891, il s'éteint à l'hôpital, il avait 37 ans. Paul Gauguin, lui, s'embarque pour la Polynésie.

 

Le mythe d'Arthur Rimbaud ne viendra que beaucoup plus tard  avec Paul Claudel, qui reprendra la version falsifiée d'Isabelle, soeur du poète, donnant une image plus reluisante de son frère et escamotant l'existence du frère aîné, Frédéric, un raté pour cette famille très croyante.  André Suarès (cité sur ce même site perso) sera plus sceptique sur la version familiale, parlant d'escroquerie morale.

 

Arthur Rimbaud demeure la fulgurance de la pensée.

 

En ces temps de fortes poussées migratoires, ce sont les Erythréens et les Ethiopiens, peuples qu'a connu Arthur Rimbaud, qui ont été bloqués à la frontière italienne devant Menton, de juin à octobre 2015.

Ce campement n'existe plus, les photographies restent.

La petite gare de Menton-Garavan, la première en territoire français, est redevenue une gare frontière : tous les trains (TER, TGV, Thello) sont à l'arrêt pour le contrôle de l'immigration.

Auparavant tentaient de passer la frontière des jeunes adultes, ensuite des adolescents, aujourd'hui des familles entières.: pour eux, retour en train vers Vintimille. On lit, lorsqu'on les croise, la détresse sur leurs visages.

 

On attribue, de nos jours,  une attitude rimbaldienne, aux chanteurs du déclinisme, aux pessimistes et boudeurs de tout poil;

Et cette phrase terrible du philosophe allemand, Peter Sloterdijk : « On fait de la poésie et après on choisit le chemin de l'autodestruction  »