Adolphe THIERS

 

Qui était Adolphe THIERS ?

Avocat, journaliste, Président de la IIIe République (Marseille, 1797-St-Germain-en-Laye, 1877).

Adolphe Thiers est né en réalité dans une bastide de Bouc-Bel-Air mais la naissance fut déclarée à Marseille.

 

Manipulé, l’empereur Napoléon III s’engage, seul, dans la guerre franco-prussienne. La mobilisation est approuvée par le corps législatif malgré les avertissements de Thiers. Et pourtant, en 1848, lors de la première élection au suffrage universel, Thiers, chef de toute la droite, soutient le prince Louis Napoléon, homme sans charisme, sans envergure, « un crétin que l'on mènera ». Napoléon III capitule le 2 septembre 1870 et la IIIe République proclamée le 4 septembre 1870. La guerre contre la Prusse continue mais l’armistice est demandé le 28 janvier 1871 après un siège de 4 mois de la ville de Paris. Victor Hugo l'avait appelée " l'année terrible ".

 

Thiers est élu Président de la République le 18 février 1871 par l’Assemblée Nationale, il s’installe avec son gouvernement tout d’abord à Bordeaux. Ce vote est-il légitime ? 18 départements français sont occupés et n'ont pu participer au vote.

 

Les Parisiens, écrasés par le chômage, qui ont vécu, pendant 18 ans, l'enfer des destructions massives de quartiers entiers décidées par le préfet Haussmann pour moderniser la capitale, sont dans la crainte d'une restauration monarchique. Ils sont traumatisés par le siège de leur ville et refusent  l'armistice signé avec la Prusse. Ces faits entraînent le soulèvement de Paris qui proclame la Commune. Celle-ci va durer 72 jours et n'aura pas eu le temps de mettre en pratique ses idées novatrices.

 

Depuis Versailles où s’est installé le gouvernement et avec l’accord tacite des Prussiens qui proposent même leur aide, que Thiers refusera mais négociera la libération de 60 000 soldats prisonniers pour les intégrer à l'armée versaillaise, il organise le siège de Paris, qui se soldera par l'écrasement de l’insurrection. La Commune avait fait appel à Garibaldi, mais, fatigué par ses années de combats, il refusa. La répression qui s'ensuivit durant la Semaine Sanglante- nombreuses exécutions sommaires, procès expéditifs condamnant des communards à la mort, au bagne ou à la déportation - a terni durablement la réputation de Thiers. Thiers pensait arrêter les désordres pour sauver la République (c'est pourtant le même qui, durant la révolution de 1830, mena une délégation pour convaincre Louis-Philippe d'Orléans d'accepter d'être Roi des Français) que les monarchistes menaçaient, en refusant d'écouter toutes les demandes de conciliation afin d'éradiquer la Commune. Ce fut un grand soulagement pour les bourgeois fortunés parisiens tel Gustave Eiffel (à cette époque, il a déjà fondé sa propre société et travaille sur divers chantiers de viaducs) : « Nous voilà enfin débarrassés de ces immondes gredins ». Thiers lui-même désignait le petit peuple par " la peissaïo " (les petits poissons que l'on fait frire). Et Bismark, l'homme de fer de l'Empire allemand, 7 ans plus tard, interdira les mouvements ouvriers, les traitant de "brigands" qu'il faut anéantir. Thiers voulait maintenir l'ordre mais surtout les idées de la classe sociale dominante, bourgeoise et conservatrice. Il y avait deux républiques possibles, "la république sociale ou la république de l'ordre social" (Raphaël Meyssan). C'est cette dernière qui, depuis, est toujours en place, il suffit de se remémorer la fin du mouvement des "gilets jaunes".

 

huile sur toile de Maximilien Luce (peinte entre 1903 et 1906)

intitulée "Une rue de Paris en mai 1871", dite aussi "La Commune"

 

« Le sol de Paris est jonché de leurs cadavres. Ce spectacle affreux servira de leçon »

écrit Thiers à ses préfets.

 

 

Par son mariage, il dispose de la propriété Dosne, place Saint Georges, dans le 9e arrondissement de Paris. Cet hôtel particulier fut, on s'en doute, détruit par la Commune et reconstruit en 1873 aux frais du contribuable. Mais, en 1905, la belle-soeur de Thiers eut la sagesse d'en faire don à l'Institut de France pour y créer une bibliothèque.

A Marseille, la Commune fut écrasée le 4 avril 1871 par le général Espivent de la Villeboinest qui bombarda la ville depuis Notre Dame de la Garde. Gaston  Crémieux, « l’avocat des pauvres », chef de l’insurrection marseillaise, fut fusillé devant le Palais du Pharo, le 30 novembre 1871.

« Son exécution, qui fut sans mesure avec son activité politique, est une des hontes ineffaçables de la répression anti-populaire après le printemps 1871 » Jean-Claude Izzo.

 

Le traité de paix avec l’Allemagne, est signé à Versailles le 26 février 1871, confirmé à Francfort le 10 mai 1871. Thiers fera tout pour payer au plus vite les indemnités de guerre afin que les Prussiens évacuent rapidement les territoires occupés. Mais l’Alsace et une partie de la Lorraine ont été annexées à l’empire allemand.

 

Que reste-t-il de la réputation d’Adolphe Thiers à Marseille ?

Les communards furent amnistiés en 1880 et réhabilités en 2016 par l'Assemblée Nationale.