3 - Hameau des Comtes

 

circuit conseillé

Nom des tenanciers de cette terre. Bernard Comte, établi en ce lieu fin XVè siècle, fermier roturier, donne le nom à ce hameau.

Pierre de Comte, second consul de Marseille en 1524, propriétaire de la terre de La Salle (La Rouguière) et du Hameau des Comtes, meurt en 1534.

De cette famille sont issus des peintres : Meiffren Comte (ou Conte, 1630-1705), Sauveur Comte dit Lecomte.

De cette traverse, on peut voir :

·      au n°25, la chapelle du hameau, Notre-Dame-du-Rosaire, bâtie par les habitants en 1697

·      au n°56, une bastide du XVIIè siècle.

« Dictionnaire historique des rues de Marseille » d’Adrien BLÈS, ed. Jeanne Laffitte.

 

 

Musée des Beaux-Arts de Marseille, palais Longchamp

Ce petit village est, par la nature de sa construction, un des plus originaux de la banlieue de Marseille. Ses maisons, bâties sans symétrie, forment une sorte de rue semi-circulaire au dessus de laquelle on a construit plusieurs petits ponts au moyen desquels seulement on peut pénétrer dans les habitations.

 

... L’église, « construite par les habitants, permis obtenu en 1697, à leurs frais et dépens » a pu être conservée presque intacte pendant la Révolution, est formée d’une nef à plafond avec encorbellement, de 10.35 m de long, sur 5.15 m de large. Le sanctuaire, de 3.92 m de profondeur est en polygone formant abside et peint à la fresque. Du côté de l’évangile, s’ouvre une chapelle dédiée à Notre-Dame-du-Rosaire, érigée en 1740.

 

...Le hameau est bâti au pied d’une colline admirablement boisée, que l’on nomme le Coulet dé Taureau (la Colline de Taurel), et d’une altitude de 94 m.

« La banlieue de Marseille » d’Alfred SAUREL, ed. Jeanne Laffitte (réimpression de l’édition de 1878)

 

  

Parcourez les ruelles, venelles et passages couverts du hameau :

L'église Notre Dame du Rosaire a pour nom un événement : Notre Dame serait apparue à Saint Dominique lui remettant un chapelet. La représentation picturale de cet événement est très fréquente dans le sud de la France. A cette époque, au XIIIe siècle, les hérésies sont nombreuses. Dominique de Guzman, un castillan, quitte l'Espagne pour se rendre à Rome et se heurte à l'hérésie cathare qui l'effraie et essaye de l'enrayer. Après sa mort, le pape Grégoire IX, en 1230, le canonise et dans la foulée crée l'Inquisition. Le Pape demande aux dominicains (domini canis : chiens de Dieu) d'assurer le fonctionnement des tribunaux de l'Inquisition. Ceux-ci propageront le culte de Notre Dame du Rosaire mais vont déshonorer le monde chrétien pour des centaines d’années. Au XVIIe siècle, le Rosaire envahit chaque église, chaque chapelle de village.

Ruines de l'ancienne église, de l'autre côté de l'avenue Lecache. Ces 6 colonnes, disposées en arc de cercle, pourraient être des stations de chemin de croix.

Ruines d'une ancienne bastide, derrière le muret, face à l'église Notre Dame du Rosaire

 

Le repos d'hiver

La chaleur de l'été

La Bastide des Comtes

La table des sorcières

 

Sur la colline subsistent des restanques. Les restanques permettent de cultiver dans un relief accidenté. Souvent on plantait en bordure les pieds de vigne et les arbres fruitiers (agroforesterie) qui facilitent la pénétration de l'eau dans le sol et créent un micro-climat au niveau de la parcelle. A l'arrière se trouvaient les différentes cultures. C'était l'âge d'or de la biodiversité !

 

 

Le Hameau des Comtes, du peintre aquarelliste Marcel Defert (1963)

 

 

A la sortie du hameau, on mesure la différence entre les temps sociaux qui se mesurent en centaines d'années (l'ancienneté de ce hameau) et les temps géologiques qui se mesurent en millions d'années (en observant la roche de la colline). On y voit une roche sédimentaire ou poudingue constitué de galets de différentes dimensions et de différentes natures (couleurs différentes) pris dans un ciment gréseux, apportés par des torrents sinueux venants de massifs élevés situés dans le Sud sur un continent qui disparaîtra (vers 90 millions d'années, les plaques continentales sont encore en mouvement) et se jetant dans une mer apparue sur toute la façade est de la France actuelle (dite mer alpine)

 Durant la fin du secondaire (65 millions d'années, époque où les dinosaures disparaissent de la surface de la Terre), les roches émergent par le chevauchement de la plaque africaine sous la plaque européenne qui crée un massif pyrénées-sardaigne-corse. Les Alpes apparaissent à l'ère tertiaire (2,5 millions d'années). Le massif actuel est dû au façonnement du relief par les érosions au début de l'ère quaternaire.

En haut de la colline, côté nord, on remarque une grande pierre blanche (en calcaire, par les sédiments déposés sur le poudingue au fond de la mer alpine) appelée " Taoub des Masquos" (table des sorcières). Curieuses croyances quand on sait que le village voisin Les Caillols possède sa Traverse du diable.

Cette roche sédimentaire rappelle les collines de poudingue de couleur ocre-orangé du site du Mugel à La Ciotat.